LE SOIR
Magazine des arts et du divertissement
Mercredi 27 janvier 1999 (page 1/4)

L'opéra pris au piège des femmes fatales

Lulu à Anvers, Lady Macbeth à la Monnaie, Carmen à Forest-National, à Amsterdam... les femmes fatales dansent la sarabande d'Eros et Thanatos. Séduction, passions, meurtres et perversions autour de l'homme pantin, tel celui de Goya. Fers croisés chez Wedekind, Berg, Chostakovitch, avec le metteur en scène Stein Wing et l'interprète de Lady Macbeth, Nadine Secunde

Lulu, Macbeth, Carmen, anges et putains

Femmes et fatum sur les scènes lyriques

Quel étrange sort s'est abattu sur les théâtres d'opéra en ce début d'année? Hommes, ne vous y égarez pas, car de Bruxelles à Anvers, de Paris à Amsterdam, se célèbre un étrange sabbat autour d'un calice boîte de Pandore. Eros et Thanatos dansent la sarabande des femmes fatales, des mantes amoureuses, entre inconscience et rébellion, entre innocence et chemin de potence. Le théâtre de la Monnaie y invite "Lady Macbeth du District de Msensk" de Dmitri Chostakovitch, l'Opéra de Flandres tient en cage "Lulu" d'Alban Berg, Amsterdam lance dans l'arène "Carmen", et Forest-National lui emboîte le pas, tandis qu'à Paris, la Bastille brandit le poignard d'une autre Lady Macbeth, fille de Shakespeare et de Verdi... Coïncidences des programmations: face à ces hydres féminines, le "Don Giovanni" brookien du Cirque royal avait tenté une offensive, rejoint cette semaine par un frère de même allure orchestré par Philippe Sireuil à l'Opéra royal de Wallonie (1). Peines perdues, la vague de Pandore déferle. La "Théogonie" d'Hésiode en éclaire les entrailles... Punissant les hommes d'avoir reçu de Prométhée les bienfaits du feu, Zeus leur a fait là un présent satanique: un mal en qui tous, au fond du coeur, se complairont à entourer d'amour leur propre malheur. Ainsi le père des dieux ordonne-t-il l'enfantement d'un être à l'image des déesses immortelles, un beau corps aimable de vierge... à l'esprit impudent, au coeur artificieux. Et dans son sein se créent mensonges, mots trompeurs. A cette femme, il donne le nom de Pandore. La femme, prix du feu, de la jouissance... et des enfers.

LA LIBERTÉ OU L'INÉVITABLE TRAGÉDIE

L'histoire de l'opéra fourmille de ces femmes destructrices et.. détruites, toutes sans exception, "L'Opéra ou la défaite des femmes", titrait Catherine Clément en 1979, brassant Norma, Salomé, Tosca, Butterfly, Desdémone, Carmen, Lulu... Les unes, simples victimes de la mâle et possessive muflerie, les autres, véritables tragédiennes qui s'inscrustent en toute conscience dans la fatalité chevillée au corps et à l'esprit, à moins qu'elles ne soient propulsées par un inconscient dont Freud se léchera les babines. Je n'ai jamais voulu paraître au monde autre chose que ce que pourquoi on m'a prise. Et le monde ne m'a jamais prise pour autre chose que je suis. ("Lulu", Wedekind, acte II). Lulu et sa cohorte des Lilith, Lola... à l'animalité vagabonde, amorale, profondément. Détruire quand l'homme gêne, quand il menace, tout simplement. Et si le mâle avait lui-même créé ce fantasme de femme fatale pour mieux ancrer - et par là l'excuser - son machisme possessif? Ou encore: créature fabriquée par une société qui n'a de cesse d'exclure le germe libre, irréductible? Jack l'éventreur le crève dans le ventre de Lulu, Don José dans le sein de Carmen, Hérode l'étouffe dans la jouissance sauvage de Salomé... L'exercice de la liberté sexuelle répugne aux attributs féminins, mariage et maternité, épinglés tels par la bourgeoisie triomphante du XIXe siècle. Frank Wedekind aura fertilisé en le dénonçant ce sillon dans toute son oeuvre, autour de cette "Lulu" comme spirale ravageuse. Si Carmen née dans le romantisme bien égratigné par Prosper Mérimée (lui qui ne reconnaissait à la femme que deux bons moments, le lit et la tombe...), Bizet et ses librettistes l'auront replanté dans un champ moins miné de sorcellerie et de Tziganes criminels, mais au contraire cerné au cordeau des normes hypocrites du Second Empire. Tu as rencontré le Diable, il n'est pas toujours noir. Je suis habillée de laine, mais je ne suis pas mouton (Carmen à Don José, dans la nouvelle de Mérimée). Femmes exubérantes qui brandissent haut leur passion, qui choisissent et refusent d'être achetées, désignées... femmes dès lors ingouvernables, dangereuses. Cette prémonition de la mort, elles l'ont toutes dans la peau, dans les cartes, dans les mains et leur désir assumé de liberté ensemence du même coup leur désir de mort, qu'elles refusent de laisser au signe du hasard, mais dont elles osent la ritualisation. Carreau, pique... La mort! J'ai bien lu, moi d'abord, ensuite lui.. pour tous deux la mort. En vain pour éviter les réponses amères, en vain tu mêleras, cela ne sert à rien, les cartes sont sincères et ne mentiront pas. La carte impitoyable dira toujours la mort... Qu'importe après tout, Carmen bravera tout, Carmen est la plus forte (livret de Carmen, acte III).

Bien des mises en scène ont glosé (et gloussé) sur le décor d'arènes de Séville, la symbolique facile de l'animal mis à mort et pas n'importe quel animal dans les grimoires des mythologies et théogonies diverses, de Zeus à Indra... Emblème de l'énergie sexuelle indomptable, fertilité et violence, mais aussi animal lunaire, associé à la mort, animal sacrifié au culte de Cibèle pour l'initiation par le sang à une vie éternelle... Le taureau de toutes les ambivalences, lunaires et solaires, bourreau et victime.

MANTES RELIGIEUSES TUEUSES AMOUREUSES

Face à Carmen, à Lulu, en quelque sorte des libertins foudroyés comme leur cousin donjuanesque, les Lady Macbeth s'écartent de cette trajectoire et sans doute leur "fatalité" mérite-t-elle quelques nuances. La meurtrière lady verdienne, condensée du bouillonnement shakespearien, se rive au gouvernail du pouvoir, de la puissance, par un mari (si peu) interposé. Ni Carmen ni Lulu n'ont revendiqué de manière aussi franche la couronne des rois, ni le chaos monstrueux qui finit par broyer le coupe shakespearien. Mais en filigrane de cette course à l'abîme, car folie, meurtre et suicide s'en suivront, courent là aussi de troublantes résonances instinctives. La femme de Macbeth n'hésite guère à mêler l'effroi du mari face au crime, à l'impuissance amoureuse. A l'inverse, comme l'expliquent ci-contre Stein Winge et Nadine Secunde, la lady de Chostakovitch prend franchement un chemin de traverse, celui de la passion amoureuse bravant tous les interdits, prenant tous les risques au travers de la sauvagerie, avec une sorte de foi dans le bonheur qui la distingue radicalement de ses consoeurs! L'affranchissement d'une condition féminine dans un autre temps, dans un autre lieu (et cette distance pèse lourd ici, la Russie n'est ni l'Andalousie ni l'Allemagne) est bien ancré dans la trame, mais il se coule dans l'histoire d'un être qui vit sa passion amoureuse, sensuelle comme un exutoire. La mort, toujours elle, est au bout du chemin, non plus la mise à mort de l'arène ensoleillée ou des bas-fonds londoniens, mais la longue route vers le bagne, détournée dans l'ultime meurtre de la rivale, fusionnée avec le suicide de la femme dont on a volé la seule valeur de vie. Passion fatale, certes, dans un univers d'oppression, de violence, mais aussi épanouissante dans un premier temps qu'aliénante dans le second versant. Laissons Wedekind offrir une dernière salve à toutes ces femmes entre "Esprit de la terre" et "Boîte de Pandore"...

Empare-toi bravement des péchés.
C'est des péchés que croît leplaisir.
Ah tu ressembles à un enfant
A qui l'on doit tout montrer.
N'écarte pas les plaisirsterrestres
Là où ils sont, emporte-les.
Le Monde a encore ses lois
Que l'on doit fouler aux pieds.
Heureux celui qui, habileet allègre,
Sautille sur les tombes encorefraîches.
Dansant sur le chemin de lapotence
Personne ne s'est encore jamais ennuyé.

( "Erdgeist", 1884)

MICHÈLE FRICHE

"Lady Macbeth..." à la Monnaie, du 29/1 au 21/2 (tél.: 02-229.12.11).
"Lulu", Opéra de Flandres à Anvers, du 27/1 au 7/2 et à Gand du 13 au 23/2 (03-233.66.85).
"Carmen" à l'Opéra d'Amsterdam à partir du 28/1 (020-625.54.55); à Forest-National les 5, 6 et 7/2 (O2-481.67.00).
"Macbeth", Paris, Bastille, à partir du 3/2 (0033-08.36.69.78.68).


Féminine et légitime défense de Lady Macbeth

Conçu à l'origine comme premier volet d'une trilogie à la gloire de la femme soviétique, cette "Lady Macbeth" n'aura finalement pas de descendance. Sa création triomphale à Leningrad en 1934 n'empêchera pas le diktat de Staline, en janvier 1936, clouant au pilori un Chostakovitch de 30 ans, effrondré.

Un chaos musical...grossier, primitif, vulgaire. La musique glousse, vrombit, halète, souffle pour représenter avec réalisme les scènes d'amour. Et l'oeuvre est toute barbouillée d'amour sous sa forme la plus vulgaire... Le compositeur a fait comme par exprès une musique à clefs en mélangeant toutes les sonorités pour que sa musique ne puisse atteindre que les esthètes formalistes aux goûts malsains. Il est passé à côté de ce qu'exige la culture soviétique: chasser la grossièreté et la barbarie partout dans la vie soviétique (Pravda, 28 janvier 1936).

Relégué dans un oubli sibérien, Chostakovitch "édulcora" son opéra (la moitié du texte remanié)... qui ne sera finalement repris qu'en 1962. C'est à Nancy, en 1989, qu'Antoine Bourseiller créera la version originale de "Lady Macbeth"...

Mon héroïne, témoignera Chostakovitch, est intelligente, jeune et belle. Toute la musique est un long plaidoyer en faveur de celle que je considère comme un rayon de lumière au royaume des ténèbres...

FEMME ET PARTITION PRISE DE RÔLE

A la Monnaie, Nadine Secunde se coulera pour la première fois dans la peau de Kararina Ismailova. Et cette soprano qui n'enfile pas moins tous les grands formats de Wagner et de Strauss, sans compter Berlioz, Janacek... et le "Fidelio" de Beethoven, qu'elle chanta à La Monnaie, cette grande dame réfute d'emblée le terme de femme fatale accolé à son héroïne.

Katerina Izmaïlova de son réel patronyme, n'est pas mortelle pour tous les hommes, elle est obsédée par un seul mâleet elle ferait n'importe quoi pour le garder.. jusqu'à tuer quiconque s'y oppose. Sans aucun doute, son attirance est "fatale"... pour la gent masculine, mais la tragédie telle que la voit Chostakovitch se recentre sur le fait que cette femme veut ce Boris et lui seul!

Entre la nouvelle homonyme originale de Leskov dont s'inspire le compositeur et l'opéra, la soprano maintient la distance.

Son héroïne tient davantage d'un monstre, absolument pas sympathique. Et Leskov d'évoquer d'emblée le frémissement d'horreur qu'elle distille. Non seulement elle tue beau-père et mari, mais elle sacrifie sans scrupule un enfant... pour qu'il ne laisse aucune trace de ses forfaits.

Chostakovitch a transformé certaines données de Leskov et en a effacé d'autres dans le but évident de rendre cette Lady Macbeth plus à plaindre à qu'honnir.

Quelle femme ne la comprendrait pas, s'écrie Nadine Secunde. Ainsi, il apparaît clairement que le meurtre de son beau-père est presque une légitime défense face à un viol prévisible, alors que chez Leskov, cet homme est déjà très vieux. D'autre part, le mari de Katarina montre bien plus d'agressivité dans l'opéra qu e dans la nouvelle, il la menace, la bat. Tout cela ne rend pas ces meurtres légitimes mais compréhensibles. Ajoutez à cela que cette héroïne vit dans un monde d'ennui, de frustration, elle ne peut pas avoir d'enfant, avec un mari peu présent qui ne lui fait même pas l'amour! Et c'est dans ce cadre-là que surgit un être qui bouleverse tout, qui lui rend sa sensualité: elle ne peut imaginer revenir en arrière. Il faut imaginer Katarina femme passionnée... on comprend alors son désespoir.

Comment ne pas évoquer une autre héroïne russe, née dans un drame d'Ostrovoski et sublimée dans l'opéra de Kanacek "Katia Kabanova"...

Certes, l'environnement frustant qui étouffe la femme y fait songer. Mais l'énorme différence est que cette jeune femme elle aussi passionnée prend le premier être qui passe à sa portée pour se sentir vivre, tout simplement et d'une manière assez hystérique. A l'inverse de Katarina Ismaïlova. Et il y a beaucoup d'innocence dans cet être fragile... Elle ne détruit personne sinon elle-même.

SEXE, MEURTRE ET... COMPRÉHENSION

Entre l'interprète et son personnage chostakovien, se tisse une forme de compassion, de réelle compréhension, et Nadine Secunde n'hésite pas à affirmer qu'elle-même, épouse et mère de famille, n'hésiterait aucunement à tuer quiconque aurait l'intention de faire du mal à ses proches. Quant à rapprocher l'héroïne de Chostakovitch de celle de Verdi selon leur patronyme d'emprunt commun, il n'y a guère de trame semblable, tout au plus l'une ou l'autre allusion: le désir de meurtre? Explicable mais pas pour le pouvoir. Le sexe?

Il existe bel et bien dans l'opéra russe, non comme un but en soi, mais pour expliquer ce qui l'attache profondément à cet homme. Toute femme, au moins une fois dans sa vie, a connu cela, vous ne croyez pas...? C'est un rôle complexe, avec une forme de lyrisme assez "hérissé", confie Nadine Secunde, mais j'estime avoir beaucoup de chance de me l'appropier. Il est lourd à porter parce que très long. Mais par contre, l'action en est si rapide, si intensive, les événements forts se suivent à une telle allure qu'on le supporte finalement plus aisément qu'on ne le croit. Rien à voir avec le poids d'une "Tétralogie"... C'est aussi un rôle très physique, impossible de ne pas s'y engager, la musique de Chostakovitch le joue en long et en large. En outre, il me fascine par cette incroyable alternance entre violence tragique, moments plus gais, plus légers, aussitôt cassés, détournés tantôt par la violence, tantôt par un romantisme fou.

Nadine Secunde ne parle pas russe, elle s'est plongée dans la langue, intensivement.

Dur... surtout quand il y a beaucoup de chanteurs russes dans la distribution. Leur capacité de passer d'un registre à l'autre, d'une tonalité de jeu à une autre est étonnante. J'y apprends beaucoup!

MICHÈLE FRICHE


Stein Winge entre Shakespeare et Chostakovitch

Stein WingeEn début de saison, la Monnaie nous avait offert la reprise de "La Khovanchtchina", de Moussorgsky, dans la splendide mise en scène de Stein Winge. C'est avec plaisir que nous retrouvons une fois encore le metteur en scène norvégien à Bruxelles, où l'on peut s'attendre à une "Lady Macbeth" de Chostakovitch qui ne manquera certainement pas de force expressive.

L'arrière-plan politique , nous a-t-il confié, même s'il existe avec évidence dans le chef de Chostakovitch, est bien moins présent ici que dans "Khovanchtchina". Le sujet essentiel de "Lady Macbeth", ce sont les êtres humains qui vivent cette terrible histoire de "sexe, crime et châtiment" (pour reprendre la formule très juste d'Antonio Pappano). Cette oeuvre nous montre ce qui peut se passer quand des personnes vivent dans des situations de pression qui deviennent insoutenables. C'est pour cela que je ne veux pas réaliser une mise en scène qui serait une sorte de réflexion symbolique sur le pouvoir: je veux montrer au public - le plus clairement possible - qui sont ces gens et pourquoi ils agissent comme ils le font dans les situations qu'ils vivent.
Pour Stein Winge, dans cet opéra comme dans le " Macbeth " de Shakespeare, les circonstances entraînent les protagonistes à des actions criminelles qu'ils n'avaient pas vraiment préméditées. Quand une femme dotée d'un tempérament passionné s'ennuie profondément, cela crée nécessairement une situation explosive (rires). Katerina réagit avec force, dans une sorte d'improvisation du moment et ses actes provoquent une forme de réaction en chaîne de laquelle elle devient finalement prisonnière. Elle représente parfaitement le type même de la personne "au mauvais endroit, au mauvais moment": frustrée dans sa relation avec son mari, harcelée par son beau-père, elle prend un amant... qui se révèle n'être qu'un arriviste désirant l'utiliser pour grimper socialement. Chez Shakespeare, Macbeth a du sang jusqu'aux genoux, il lui est devenu impossible de faire demi-tour; la même chose se passe dans la nouvelle de Leskov et dans l'opéra qu'en a tiré Chostakovitch: les personnages sont entraînés trop loin par leurs réactions impulsives et il y a finalement trop de sang entre eux pour laisser la place à l'amour. Serguei rejette la tendresse de Katerina à la fin, provoquant l'ultime meurtre qui devient aussi l'autodestruction de la jeune femme.

L'oppression et la frustration que subit un personnage comme Katerina, Stein Winge ne peut s'empêcher d'en voir un reflet très clair dans la vie artistique de Chostakovitch, dans tous les démêlés où il s'est trouvé confronté avec le pouvoir soviétique. Katerina est un personnage qui a eu le courage de réagir... très mal, sans doute, mais elle l'a fait! Chostakovitch, lui, n'a pu le faire que dans sa musique. Et nous pourrions ajouter qu'il ne l'a peut-être pas toujours fait d'une manière très claire: beaucoup voient, dans la version révisée qu'il a par la suite réalisée de "Lady Macbeth de Mtsensk", une forme d'autocensure plutôt castratrice...

MICHEL DEBROCQ

Monnaie, dès le 29 janvier; sous la direction d'Antonio Pappano; Tél.: 02-229.12.11


Trois femmes en fiches signalétiques

Trois femmes aux prises avec les débordements de leurs personnalités? Ou trois victimes de la répression menée bon train par la société des hommes? Le procès n'a pas fini de faire couler l'encre. Voici les fiches signalétiques de ces trois "dangereuses créatures".

Carmen. Née à l'Opéra-Comique de Paris le 3 mars 1875. Ses parents sont Georges Bizet (pour la musique), Henri Meilhac et Ludovic Halévy (pour le livret). Son parrain est l'écrivain français Prosper Mérimée, dont la nouvelle (publiée en 1847) a servi de base au livret. Profession: cigarière. Trait caractéristique: bohémienne (elle est même sorcière chez Mérimée), elle joue aussi dangereusement du couteau qu'elle séduit les hommes. Est tuée d'un coup de couteau donné par son ex-amant jaloux, Don José.

Lulu. Née avant terme le 2 juin 1937 à Zurich. La version "définitive" (avec le troisième acte complété) voit le jour à Paris en 1979). Son père: Alban Berg (pour le livret et la musique). Parrain: Franz Wedekind, dont les deux pièces de théâtre, "L'esprit de la terre" et "La boîte de Pandore", datant de 1903 et 1904, sont à l'origine du livret. Profession: danseuse, au premier acte, puis prostituée au troisième. Trait caractéristique: n'hésite pas à se servir d'un revolver pour tuer, si sa propre vie en dépend. Meurt à Londres, étranglée dans une mansarde sordide par son dernier client, Jack l'éventreur.

Katerina Ismailova. Née le 22 janvier 1934 au Théâtre Maly de Leningrad. Une version révisée par le compositeur (sous le titre "Katerina Ismailova") voit le jour à Moscou en 1963. Ses parents sont Dimitri Chostakovitch (pour la musique) et Alexander Preis (pour le livret). Parrain: l'écrivain Nikolai Leskov, dont la nouvelle, publiée en 1865, a servi de base au livret. Profession: femme de riche marchand. Trait caractéristique: utilise la mort-aux-rats, ou ses mains, pour se débarrasser de ceux qui se mettent en travers de son chemin. Meurt noyée, emportée par un ultime accès de violence en se jetant sur une rivale.

M. Dq