La Libre Belgique
18/02/2003

Musique Classique
La Donna del Lago au coeur de l'illusion

par S.C.

Claire Servais poursuit sa route avec Rossini, en Ecosse cette fois...

"Un compositeur aussi difficile à jouer qu'à chanter", ressent Claire Servais à propos de Rossini. La metteur en scène aime les défis puisqu'il s'agit du deuxième opéra auquel elle s'attaque... Elle avait abordé, à deux reprises, "Il Barbiebe di Siviglia".

Considéré comme le premier opéra romantique italien, "La Donna del Lago" puise sa trame dans les poèmes de Walter Scott, concrétisant ainsi le premier opéra inspiré par l'oeuvre de l'écrivain. Nous sommes en 1819 et l'Europe est plutôt rivée sur les poèmes ossianiques de James MacPherson. De son aventure napolitaine à sa période écossaise, le contraste s'opère: les décors bucoliques de Rossini s'effritent dans les montagnes, lacs et brumes qui envahissent à présent la scène...

Ici, le scénographe Dominique Pichou incarne cet univers dans la théâtralité: l'action évolue au fil d' "un théâtre dans le théâtre".

"Tout est illusion", constitue l'impression qui a guidé Claire Servais dans sa manière d'aborder l'oeuvre. "Le personnage féminin central, Elena, aimée de trois hommes, existe-t-elle vraiment? Ou bien n'est-elle qu'une projection du désir d'aimer de ces trois hommes?"

Quoi qu'il en soit, c'est de manière effective que la Géorgienne Iano Tamar endosse le rôle d'Elena. L'objet de sa passion se voit ici campé par une femme: Daniella Barcelona sera Malcolm (pour les trois premiers spectacles, elle sera remplacée par Agata Bienkowska). Il s'agira de Rockwell Blake qui - de roi Jacques V d'Ecosse en Uberto - tombera sous le charme d'Elena. Alors que le ténor Bruce Fowler est le Rodrigo promis à la belle... Léonard Graus, Patrick Delcour et Emilienne Coquaz achèvent la liste.À la baguette, on retrouve l' "artisan de toutes les découvertes rossiniennes de ces dernières décennies", Alberto Zedda.

© La Libre Belgique 2003