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01.06.2002 - 11:56

La Flûte Enchantée d'Achim Freyer:
une mise en scène ludique

Achim FreyerLe metteur en scène allemand Achim Freyer livre avec sa mise en scène ludique de "Die Zauberflöte" (La Flûte Enchantée) de Mozart une magistrale leçon à tous ceux qui veulent résumer la vie à un combat du Bien contre le Mal.

Déjà présentée le 1er mai en spectacle d'ouverture du Festival de Schwetzingen en Allemagne (co-producteur avec l'Opéra du Rhin) cette "Flûte", diffusée alors en direct sur Arte et France Musiques, a conquis le public de Mulhouse où le spectacle a commencé vendredi soir sa carrière en Alsace.

Achim Freyer, qui signe également les décors et costumes gais comme des bonbons acidulés qu'aurait suçotés le "Magicien d'Oz", a gagné son pari de présenter "La Flûte la plus courte jamais donnée". Sans y faire de coupes bien sûr, mais en faisant en sorte "qu'elle passe comme un éclair, qu'on ne s'y ennuie pas un seul instant".

En mettant en valeur le conte de fées comme parcours initiatique, le metteur en scène allemand développe deux thématiques parallèles. L'une est très classique et expose les embûches de l'apprentissage de l'amour. Tamino et Pamina, et leur reflet burlesque Papageno et Papagena, doivent trouver le chemin de l'amour, seul à même de triompher des puissants, nécessairement par sa subversion consubstantielle.

L'autre aspect traite des luttes de pouvoir entre deux visions du monde, L'antagonisme est en effet total entre la Reine de la Nuit et Sarastro: "Ils représentent tous deux des idéologies unilatérales; les deux sont une catastrophe", explique le metteur en scène. "Il ressort de tout ça, poursuit-il, qu'il y a de bonnes idées des deux côtés, mais un comportement négatif" qui mène à un champ de ruines, sur lequel se conclut le spectacle.

Dans un souci de donner un caractère intime à la représentation, afin de se rapprocher de Mozart qui voulait allier comique, populaire et philosophie, le metteur en scène a réduit le nombre des musiciens et choristes.

Choeurs de l'Opéra du Rhin et Orchestre symphonique de Mulhouse placés sous la baguette érudite du Néerlandais Jan Willem de Vriend peuvent ainsi judicieusement soutenir et mettre en valeur des interprètes tous excellents. Le ténor allemand Matthias Klink (Pamino), la soprano russe Ekaterina Morozova (la Reine de la nuit), la soprano britannique Judith Howarth (Pamina) et le baryton allemand Christian Gerhaher (Papageno) ont été les plus applaudis.

A Mulhouse au Théâtre de la Sinne le 2 juin à 15H00 et le 4 juin à 20H00. Colmar au Théâtre municipal le 9 juin à 15H00 et le 11 juin à 20H00. Strasbourg à l'Opéra les 15,18, 20, 22 et 25 juin et 4 juillet à 20H00 et le 30 juin à 17H00.

 

Le Monde
mercredi 1er mai 2002
Arte et France-Musiques

La Flûte enchantée

ELÈVE de Bertold Brecht pour la scénographie, peintre autant que metteur en scène, Achim Freyer aborde La Flûte enchantée pour la troisième fois : il l'a présentée dans un cirque à Salzbourg et il traitera cette fois Papageno et Papagena comme des figures clownesques face à Tamino et Pamina, le couple noble incarnant le triomphe de l'amour. Des arrière-plans maçonniques du livret, il ne sera guère question dans cette production destinée au théâtre rococo de Schwetzingen et que l'Opéra du Rhin reprendra du 31 mai au 4 juillet. Freyer a préféré traiter les personnages avec un humour et une fantaisie rehaussés par des jeux sur les trois couleurs fondamentales des décors et des costumes jaillis comme un tout de son imagination. Exigu, l'espace scénique s'ouvrira par trois portes sur trois mondes différents : la Nature, la Sagesse et la Raison. A en juger par les esquisses, les oiseaux de Papageno ne seront pas tristes.

GERARD CONDE

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27 Avril 2002