ResMusica
[Scène] Lyrique
23/06/2006

[Luxembourg] Le Barbier de Séville
Viva Almaviva !

par Vincent Deloge

On ne présente plus cette production du Barbier de Séville signée par Dario Fo dans l’esprit de la commedia dell’arte. Créée à Amsterdam en 1992, elle a été donnée dans la foulée au palais Garnier et a connu les honneurs de la vidéo, révélant une Jennifer Larmore au charme ravageur. Le Grand Théâtre de Luxembourg, qui mène une pertinente politique de coproduction, s’est associé à l’Opéra d’Amsterdam pour cette reprise avec une distribution renouvelée et alléchante.

La mise en scène nous laisse partagés entre d’une part un léger agacement devant un déluge de gags qui frôlent parfois la trivialité et une agitation scénique permanente, et d’autre part une adhésion enthousiaste à cette démarche d’une gaieté et d’une fantaisie communicatives, qui nous entraîne dans un univers coloré et ludique. Voilà cependant un spectacle susceptible de séduire un public beaucoup plus large que celui qui fréquente ordinairement les salles d’opéra, et cela est heureux au moment où trop d’institutions lyriques cèdent à la tentation systématique d’un intellectualisme vaseux. Il émane de cette présentation un plaisir sans nuages ni prétentions qu’il serait bien idiot de bouder, d’autant que les exigences musicales n’y sont jamais sacrifiées.

Au chef Julian Reynolds, qui livre de la partition une lecture professionnelle et sans subtilités, on reprochera de couvrir parfois les solistes dans sa volonté de faire sonner l’orchestre. La principale victime en est Giovanni Furlanetto, Basilio riche de timbre mais qui a fort à faire pour passer le rempart instrumental ay terme d’une " Calumnia " détaillée avec gourmandise. Donato di Stefano campe un hilarant Bartolo, avec une voix saine et flexible, rompue au chant syllabique, mais qui souffre toutefois d’un déficit de projection dans le bas du registre. Voici qui nous console des vétérans essoufflés trop souvent distribués dans ce rôle. Nous serons moins indulgents en ce qui concerne Angelo Veccia, qui livre d’une voix sans séduction un Figaro au chant sommaire, que ne rachète que son aisance scénique. Qu’importe, car Rossini a si bien écrit sa partie que le public lui réserve malgré tout un excellent accueil.

Les lauriers de la soirée reviennent incontestablement à Rosina et à Almaviva. La première trouve en Silvia Tro Santafé une interprète à la voix homogène et richement colorée, appuyée sur un registre grave des plus flatteurs, à la virtuosité sans faille et à la musicalité affirmée, maîtrisant toutes les règles du chant rossinien. Le second est admirablement servi par Antonino Siragusa dont l’assurance vocale et l’impeccable technique belcantiste font rapidement oublier un timbre d’une séduction limitée. Nous retiendrons en particulier une aubade magistrale, d’autant plus méritoire que l’artiste l’interprète sur un perchoir inconfortable. La vocalise est limpide et les demi-teintes particulièrement luxueuses. Le ténor surmonte par ailleurs un physique légèrement enveloppé pour se montrer acteur convaincant et enthousiaste.

Nous n’omettrons pas de mentionner la Berta d’Angelina Ruzzafante, qui triomphe de son air avec des moyens d’une plénitude inhabituelle dans ce rôle - rappelons que la soprano fut en début de saison une convaincante Agathe à l’Opéra de Rennes -, et nous nous réjouirons d’avoir assisté à une représentation ensoleillée et donc pleinement accordée au climat luxembourgeois en ce beau jour de juin.

Luxembourg. Grand Théâtre de Luxembourg. 21-VI-2006. Gioacchino Rossini (1792-1868) : Il barbiere di Siviglia, opéra en 2 actes sur un livret de Cesare Sterbini. Mise en scène, décors et costumes : Dario Fo. Avec : Antonino Siragusa, Almaviva ; Donato di Stefano, Bartolo ; Silvia Tro Santafé, Rosina ; Angelo Veccia, Figaro ; Giovanni Furlanetto, Basilio ; Rogers Smeets, Fiorello ; Angelina Ruzzafante, Berta. Vocaal Collectief Jaak Gregoor (chef de chœur : Brian Fieldhouse), Netherlands Chamber Orchestra, direction : Julian Reynolds.

 

Trouw
19 januari 2006

De barbier van Dario Fo een feest voor oog en oor

Wonderbaarlijk hoe goed deze regie de tand des tijds doorstaan heeft. Dario Fo heeft de taal van Rossini zo goed begrepen dat muziek en enscenering naadloos op elkaar aansluiten. Niet alleen verloopt alles op het toneel in het ritme van de muziek, ook het soort vrolijkheid - de grappen en grollen, de bizarre beelden, de doldwaze drukte op het podium - komt overeen met het luchtige karakter van de muziek. Bovenal weerspiegelt de regie de levenslust van Rossini's muziek. Alle handelingen verlopen dansend of anderszins in hoog tempo. Saskia Boddeke, die de instudering van deze voorstelling voor haar rekening heeft genomen, heeft mooie resultaten bereikt met de hoofdrolspelers [...]. Het zijn stuk voor stuk geweldige acteurs gebleken. Vooral Donato di Stefano, die Bartolo speelt, is een komediant van grote klasse. Zoals hij bekken kan trekken tijdens zijn cellospel, dat doet geen cellist hem na. De Figaro van Angelo Veccia is een sympathieke man met veel bravoure. Zo zingt hij ook. [...] Silvia Tro Santafé maakt, energiek zingend, een pittige tante van Rosina.

De beste prestaties kwamen van Donato di Stefano, die met zijn ruime, comfortabele bas een avond lang in topvorm was, en van de tenor Antonino Siragusa als de graaf van Almaviva. Vooral de laatste stond zo ver boven de materie dat hij gemakkelijk zingen en acteren kom combineren. Met adembenemend raffinement zette hij Rossini's lijnenspel naar zijn hand. Dirigent Julian Reynolds [...] zorgde voor lichtvoetigheid en energie. Het Nederlands Kamerorkest speelde met veel vaart.

Sandra Kooke

 

NRC Handelsblad
18 januari 2006

De lenige ezel, de lachende pompoen en de elegante papieren vogels - voor de allerlaatste keer komen ze dit seizoen uit de depots van De Nederlandse Opera tevoorschijn voor de inmiddels klassieke enscenering die regisseur, acteur, toneelschrijver, 'nar' en Nobelprijswinnaar Dario Fo in 1987 maakte van Rossini's opera Il barbiere di Siviglia. [...] Met in totaal vijf reprisereeksen, vertoningen elders in het land en in het buitenland en verscheidene televisievertoningen, is Fo's Barbiere-enscenering zelfs de succesvolste productie in de geschiedenis van De Nederlandse Opera. [...] Il barbiere is en blijft een onweerstaanbare voorstelling - juist omdat Fo met zijn hilarische èn poëtische regie vol slappe maar niet flauwe grappen de ultralichtvoetigheid van deze opera alleen maar heeft benadrukt.

Julian Reynolds dirigeerde bij De Nederlandse Opera in 2000 al [...] L'italiana in Algeri. In Il barbiere [...] leidde Reynolds het Nederlands Kamerorkest met eenzelfde enthousiasme [...].

Vooral tenor Antonino Siragusa laat met de onvervalste 'Italianità' van aanpak en timbre de zonnige vondsten van Rossini en Fo nog één keer stralen.

MISCHA SPEL